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12.07.2024 à 22 H 01 • Mis à jour le 15.07.2024 à 17 H 46
Par
Exécutif

Crise de l’emploi: ce que propose l’Istiqlal, via son think tank économique, à ses alliés de la majorité

Nizar Baraka, SG de l’Istiqlal intervenant lors d’un débat de l’Alliance des économistes Istiqlaliens (AEI) en avril 2023. Crédit : MAP
Face à la crise de l’emploi à laquelle est confronté l’Exécutif, l’Alliance des économistes istiqlaliens, « force de proposition d’un parti de la majorité gouvernementale », apporte une série de propositions visant la redynamisation du marché de travail, dont le bilan n’est « toujours pas à la mesure des attentes »

Alors que le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch mène la bataille contre le chômage, en multipliant les études auprès de cabinets de conseil tant nationaux qu’internationaux, son allié dans la majorité gouvernementale, le Parti de l’Istiqlal vient, à travers son bras scientifique, l’Alliance des économistes istiqlaliens (AEI), apporter sa vision sur la problématique. Dans une récente note, l’Alliance, qui se présente en tant que « force de proposition d’un parti de la majorité gouvernementale », liste une vingtaine de mesures à entreprendre pour redynamiser la création d’emploi dans le pays. Le think tank de l’Istiqlal, qui ne compte pourtant aucun département directement en charge de l’emploi parmi les portefeuilles ministériels qu’il a emportés, considère, comme pour justifier son intervention, « la création massive d’emplois durables et valorisants comme une cause sociale, de dimension nationale  ».


Le groupement d’économistes du parti de la balance va même à appeler « le gouvernement à en faire la principale priorité de cette deuxième partie de son mandat  ». Les mesures et démarches qu’il propose pour « réduire le gap entre l’offre et la demande sur un marché́ marocain du travail de plus en plus internationalisé » sont de caractère « transversal, territorial et sectoriel », visant à «  réduire le chômage à court terme et créer massivement des emplois à moyen terme, tout en tirant profit des grands chantiers lancés ou programmés ».


Un impact emploi, « pas à la mesure des attentes »

Pour l’AEI, en dépit des directives royales et principales orientations des politiques publiques qui « donnent la priorité à la création d’emplois », ainsi que les mesures déployées par les pourvoirs publics pour encourager l’entrepreneuriat, l’impact emploi de ces politiques n’est « toujours pas à la mesure des attentes ». Dans cette veine, les économistes istiqlaliens citent ainsi les récents chiffres sur le recul du taux d’activité, la montée du chômage et la situation des NEET, publiés au cours des derniers mois par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) et le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Bien qu’exprimant la même déception partagée par différents acteurs et institutions face au bilan de l’Exécutif en matière de création de l’emploi, l’alliance temporise à la fin de son document : « la création d’emplois doit être mesurée en se référant aussi bien aux sources du HCP et celles de la CNSS, dans leur complémentarité », ces chiffres ayant fait l’objet de critiques de la part d’Akhannouch.


Devant cette situation critique qui préoccupe l'Exécutif, comme a affirmé le Chef du gouvernement lors de son dernier passage à la Chambre des conseillers, l’AEI propose d’abord un lot de mesures transversales, adressant les entreprises, les jeunes, les femmes et les activités informelles, pour améliorer le taux d’activité et l’emploi. Parmi celles-ci, le lancement de programmes accélérés de formation-insertion mariant «  soft skills et technicité  » et correspondant à des spécialités « à forte demande de talents ». Dans ce sens, ces économistes mentionnent le lancement d’un appel d’offres au Maroc et à l’étranger pour attirer des formateurs dans le but d'assurer des cycles de formation qui ne dépassent pas les 10 mois, en présentiel et à distance.


D’autres propositions visant ces différentes catégories portent sur la préparation des jeunes fraichement diplômés à l’inclusion économique et sociale, à travers la création d’un Fonds de Solidarité des générations (FSG, ou Tadamoune Ajial) destiné aux jeunes de 20 à 35 ans pour financer des formations accélérées de reconversion, la création de Fonds d’investissement régionaux, pour porter des petits et moyens projets, les accompagner et appuyer même financièrement ou encore faire bénéficier les femmes d’horaires de travail accommodants, de facilités de transports et de garderies subventionnées par les collectivités territoriales.


Pour les entreprises, l’accent est mis sur la simplification des procédures, l’allégement de la fiscalité sur la transmission, l’autorisation de la flexibilité de l’emploi pour celles en baisse d’activité, la réduction de 50 % des charges sur salaire pour certaines, l’amélioration de la réglementation du travail partiel, à domicile et à distance, en plus du lancement d’une Start-up Nation dans chaque région. L’intégration de l’informel figure également parmi les propositions portées par l’AEI, en accordant une « amnistie » aux unités informelles adhérant à la transition et la création de centres régionaux pour aider les entrepreneurs informels.


Focus sur le rural, ou comment stopper l'hémorragie des emplois

La plus grande part des emplois détruits étant dans le rural, en raison notamment, selon les explications officielles, des effets de la sécheresse et le recul de la production agricole nationale, les économistes istiqlaliens mettent un accent particulier sur le milieu rural. Ils y dédient ainsi cinq mesures spécifiques.


Multidimensionnelles, celles-ci, croisent l’emploi, l’insertion socio-économique et la formation, des départements gérés par le Parti Authenticité et Modernité (PAM), ou encore le développement rural, chapeauté par Mohammed Sadiki du Rassemblement national des indépendants (RNI) avec des secteurs dans les compétences de ministres istiqlaliens, comme l’Equipement et l’Eau de Nizar Baraka, l’Industrie et le Commerce de Ryad Mezzour ou encore le Transport et la Logistique de Mohamed Abdeljalil.


On retrouve ainsi dans la liste de suggestions le renforcement des infrastructures de transport, d’électricité et de connectivité internet des zones rurales pour leur faciliter l’accès aux services publics, la formation les jeunes à des métiers pouvant être exercés à distance et à domicile, le développement du tourisme rural, le lancement d’un nouveau programme d’appui à la petite production agricole, et la transformation localement les produits de terroir.


8 secteurs clés pour la « nouvelle génération d’emplois »

Au-delà du rural, l’AEI choisit huit domaines d’activité comme étant les principaux générateurs d’emploi. Il s’agit du bâtiment et les travaux publics (BTP), pour lequel on propose d’encourager et encadrer la sous-traitance et les soumissions groupées, aux commandes publiques, de favoriser la préférence nationale et puis de faciliter et encourager l’utilisation des partenariats public-privé (PPP). Intervient ensuite l’industrialisation de l’économie à travers le renforcement du rang des champions nationaux, notamment en finançant des programmes d’innovation et de développement et en mettant en place d’un système national de normes et de certification écologiques des produits industriels marocains. Pour l’industrie l’Alliance préconise aussi le développement et la promotion de nouveaux hubs industriels du textile, de l’aéronautique, du ferroviaire et de l’informatique, en plus de renforcer la durabilité dans les zones industrielles.


Le tourisme, l’artisanat et la culture figurent aussi parmi les « moteurs de croissance (…) capables de générer des emplois en masse », selon l’AEI. Il est ainsi proposé de faire de quatre activités économiques complémentaires « un grand gisement d’emploi ». Cela, d’une part, en promouvant les tourismes écologique, médical et de bien-être, en adoptant un classement des établissements touristiques, et d’autre part, en valorisant le patrimoine culturel, en mettant en place des programmes de formation certifiantes au tourisme et à la culture et enfin en organisant des évènements culturels et sportifs étalés sur l’année, avec une synchronisation régionale des principales activités.  Pour les énergies renouvelables et l’économie circulaire, il est proposé de réaliser une cartographie régionale des sources renouvelables facilitant leur exploitation, le développement des clusters de production et l’exonération de certaines taxes des investissements dans le secteur.  Toujours dans le cadre de la « nouvelle génération d’emplois », l’AEI préconise de promouvoir l’écosystème du digital et de l’IA et d’encourager le retour des talents Marocains du monde, tout en attirant ceux étrangers.


La santé, ou plus globalement «  l’économie du care », le transport et l’économie bleue figurent à leur tour parmi les secteurs sur lesquels il faut miser pour redynamiser l’emploi, selon les économistes istiqlaliens. Plus globalement, ceux-ci préconisent aussi une approche qui consiste à raisonner sur un marché marocain de l’emploi « internationalisé, où la mobilité des compétences est irréversible ». Ils soulignent enfin l’importance d’intégrer cette donne dans le système d’éducation, d’enseignement et de formation. « Nous produisons des compétences pour notre pays, mais aussi pour d’autres contrées qu’il faut inciter à investir au Maroc pour employer ces ressources compétitives et d’autres compétences venant de notre continent », concluent-ils.

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